Jour 170 | Mauvais départ pour Stuttgart
Schlechter Start für Stuttgart
Stuttgart, ce n'est pas un coup de cœur. Et ça a bien mal commencé. D'abord, en arrivant dans mon logement trouvé sur Airbnb, je n'arrive pas à déterminer si le ménage a été fait ou pas. C'est comme si quelqu'un était passé en coup de vent, pris une douche, sali le lavabo, jeté un papier dans la toilette, bu un café, rempli les ordures et déplacé des chaises. Étrange. J'ai contacté l'hôte pour lui mentionner que ce n'est pas ce que j'attendais comme salubrité dans le logement, et il m'a répondu que c'était lui qui l'avais laissé ainsi et qu'habituellement, les gens ne se plaignent pas. Eh bien. Nous n'avons pas les mêmes standards de propreté pour recevoir des invités. J'ai donc contacté la plateforme pour leur mentionner et j'ai obtenu un tout petit dédommagement de leur part et la possibilité de faire une demande de dédommagement directement à l'hôte, ce que je ferai après mon séjour ici. J'ai donc passé toute ma soirée de mardi soir à nettoyer et faire du lavage, pour remettre ce logement dans un état respectable. Maintenant que c'est fait, il est top !
Le lendemain, je visite mon espace de coworking, dans Stuttgart-West. Ça aussi, ça a mal parti. J'ai fait ma journée d'essai et je n'ai parlé à personne, sauf au propriétaire, Harald, qui m'a fait la visite. Les personnes portaient tous des masques (!) et donc je n'ai pu voir aucun sourire sympathique avec qui décrocher une première conversation à la machine à café. S'il avait fallu que j'en porte un aussi, on m'aurait entendu rapidement dire Ciao Kakao et disparaître en une seconde et quart. N'ayant pas trouvé bien bien d'autres options de coworking dans mon budget, et devant le besoin absolu d'avoir un espace pour travailler, j'ai quand même pris mon abonnement mensuel le lendemain.
C'est là que j'ai remarqué qu'il fait toujours froid. Quelqu'un a ouvert les fenêtres. J'ai interrogé la coupable : - C'est pour les infections. - Les infections ? - Le coronavirus. Je fais un bon de deux ans en arrière, elle me niaise c'est sûr. Et à ce moment, elle met son masque de type masque-à-gaz-pour-peinturer-de-la-carrosserie qu'elle a du pogner à l'usine Porsche à côté, et sans dire un mot, elle va fermer l'une des deux fenêtres. Et depuis ce temps, cette pauvre sexagénaire est en guerre avec moi, convaincue que je vais anéantir tout le monde dans la place. Lorsque je me déplace dans l'espace et que je passe près de sa table de travail, elle roule sa chaise vers le mur et protège son visage dans ses mains. Sans blague... 1 étoile pour ce coworking, ses weirdos et ses meubles lettes. Seul point favorable pour cet espace : le chocolat chaud gratuit compris dans l'abonnement est délicieux comme jamais !
Mon algorithme Instagram fonctionne à plein régime en fonction de ma localisation et me propose sans cesse des attractions super cool dans la ville où je me trouve. Grâce à ça, j'ai entendu parler du Christmas Garden, à Wilhelma, le jardin botanique et zoologique de Stuttgart. Pour 20,50 €, j'ai fait une promenade totalement magique d'environ deux heures dans une œuvre grandiose alliant musique et lumière. Mes coups de cœur ont été les oeuvres Mondlichtwiese (une prairie de centaines de grosses boules géantes qui s'illuminent en même temps que la musique, comme si c'étaient elles qui jouaient), Maurisches Landhaus (le château tout éclairé, devant lequel les gens qui passaient faisaient aussi partie de l'œuvre, car éclairés eux aussi), Zauberwald (la forêt enchantée avec d'immenses arbres multicolores qui changent de couleur au rythme de la musique), Natura (une projection hyper réaliste sur un très gros tronc d'arbre, représentant le visage d'une dame qui s'adresse aux visiteurs pour leur parler de la nature avec une voix mélodieuse, accompagnée de quelques notes de piano) et Glockenspiel, un corridor de lumières suspendues qu'il est possible de traverser en oubliant tout le reste. Succès.
![]() |
L'œuvre Maurisches Landhaus. |
![]() |
Toutes les façades du château étaient éclairées. |
![]() |
Glockenspiel. |
![]() |
Zauberwald et les arbres multicolores. |
Il semble qu'il y a quand même quelque chose qui m'empêche d'apprécier ma ville, et le fait de ne pas avoir de fit dans mon espace de coworking est en grande partie responsable. Pourquoi suis-je venue à Stuttgart au départ ? J'avais besoin d'être dans le coin, parce que je passe Noël en Alsace, à Felon (France) et le nouvel-an dans la Moselle à Zeltingen-Rachtig (Allemagne). J'avais aussi visité cette ville un week-end en été, et j'avais bien aimé son U-Bahn, ses forêts avoisinantes, Schlossplatz et la Königstraße. J'ai quand même encore fait de belles promenades, j'ai vécu la première vraie neige et j'ai eu le temps de planifier. Ah ça oui, j'ai fait pas mal de planification !
- Mes billets de train sont achetés pour tous mes déplacements pour les Fêtes. La DeutscheBahn a donc eu un beau cadeau de Noël avec tout cet argent que je viens de lui envoyer.
- J'ai prévu des visites dans les villes avoisinantes : Esslingen am Neckar, Ulm, Ludwigsbourg, Karlsruhe, Freiburg im Breisgau.
- J'ai fait mes recherches pour demander une extension de mon visa pour une autre année (ceci méritera un autre article dédié uniquement à ce sujet)
- J'ai acheté deux billets de concert. Le premier est ici à Stuttgart, à Marmosaal, le 30 décembre. C'est un concert à la chandelle par un pianiste qui joue les plus grands hits de Coldplay. Le second est à Düsseldorf en février, au majestueux Tonhalle, et c'est l'artiste Martin Herzberg, accompagné d'un orchestre symphonique.
- J'ai réservé mes appartements à Düsseldorf jusqu'à l'arrivée de maman, en avril.
Et, ce à quoi j'ai le plus hâte, ce sont mes cours de langue, auxquels je suis maintenant officiellement inscrite, et qui débutent le 9 janvier à Düsseldorf. Après le test de niveau, j'ai été classée A2.1, mais j'ai tout de même décidé de m'inscrire dans le niveau inférieur, A1.2, pour commencer mon apprentissage sur de bonnes bases. Mes cours auront lieu de façon intensive, du lundi au vendredi, de 8h à 11h15, pendant quatre semaines. Si j'aime ça et si je progresse, je continuerai un autre mois, et ainsi de suite. C'est d'ailleurs sur la base de cours de langue que je compte demander l'extension de mon visa. Après avoir pris un bon six mois pour découvrir le pays, ses particularités et son fonctionnement, il est maintenant le temps d'accéder à un autre défi complètement nouveau : apprendre une troisième langue. Ça me motive !
![]() |
Première neige dans le sentier vers la Grabkappelle auf dem Württemberg. J'ai même croisé deux alpagas qui profitaient eux aussi de la neige. |
![]() |
La Stadtbibliothek de Stuttgart, qui ressemble à la fois à une illusion d'optique et un modèle réduit en trois dimensions. |
![]() |
Le Calwer Passage, un bâtiment récent dont la façade regroupe plus de 2000 jardinières. |
![]() |
Johanneskirche am Feuersee, la plus belle église de Stuttgart avec un clocher manquant détruit pendant les bombardements. |
En semaine, quelle ne fut pas ma surprise de recevoir un message de ce Jim, qui me dit qu'il y a de la poutine au marché de Noël. Je suis conquise par la poutine et j'accepte le rendez-vous du vendredi. On se donne comme point de repère la statue entre les deux fontaines à Schlossplatz. Je recherche un manteau bleu. Je vois un manteau bleu. Je me dirige vers ledit manteau bleu avec vigueur, prête à faire un grand HEY, jusqu'à ce que je remarque que c'est clairement pas le bon gars. Zut, je fais comme si de rien était et je continue mon chemin. Et là, je vois un autre gars en bleu, probablement en train de rire de la scène dont il vient d'être témoin. C'est Jim ! Un français de Montpellier, à la belle gueule et au look sportif, qui travaille comme ingénieur en robotique chez Mercedes. Je peux enfin parler français ! J'avais oublié ce qu'était le dating francophone. C'est tellement plus simple. Mais hélas, mon accent du Kébèk demeure quand même une barrière pour ce pauvre gars qui en manque des bouts et qui m'avoue devoir se concentrer parfois pour pouvoir comprendre ce que je dis. Il capte pas tout, comme on dit.
On partage bière et Glühwein au deuxième étage de la Weihnachtpyramide avant de tester la poutine. 5/10. Pas si mal. La sauce était fidèle, les frites étaient correctes, mais le fromage. On ne parlera pas du fromage. Et on se déplace vers le Red Light District, dans le bar Botanical Affairs, un tout petit endroit servant d'excellents gin tonic. Après, je me souviens plus trop, on s'est retrouvés dans un genre de show live et dans un kiosk avec une caissière qui avait tellement de gloss qu'elle shinait plus que l'éclairage de tous les marchés de Noël de l'état de Baden-Württemberg réunis. Je ne voyais pas le temps filer, on avait bien trop de fun, jusqu'à temps que je repense que les U-Bahn ne roulent pas toute la nuit. J'ai revu Jim le mercredi suivant. On est allés dans un resto italien, où j'ai dévoré la bruschetta à moi-seule au grand désarroi de Jim, et dans un bar de karaoké, mais on a encore manqué le tour de Riesenrad, qui ferme toujours trop tôt. Jusqu'à maintenant, mon seul beau souvenir que je garderai de Stuttgart risque d'être les rires que j'ai eus avec lui, du coup ! Peut-être que je suis trop excitée de retrouver ma ville préférée en janvier et que je ne fais que compter les jours avant de retrouver Düsseldorf ?
![]() |
Voici la fameuse poutine de Stuttgart. |
Commentaires
Enregistrer un commentaire