Jour 304 | Parachutée au milieu du pays
Ins kalte Wasser geworfen
Maman est partie. Elle a passé la sécurité avec sa petite valise toute rafistolée. Je l'ai gardée en vue jusqu'à temps que je ne vois plus ses ti cheveux blancs. Et je suis repartie, par le grand corridor vide de l'aéroport, toute seule. Et combien seule ! Toute seule dans le métro, toute petite dans la grande ville de Munich. J'ai arrêté à Marienplatz pour acheter un nouveau mascara, en pensant que le fait de reprendre ma vie normale de voyageuse solo allait faire disparaître le feeling. Un genre de feeling comme si on venait de me parachuter au beau milieu du pays, qu'on m'avait jetée dans l'eau glacée pour la première fois et qu'on me disait : ok va, débrouille toi !
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Nous venons tout juste de quitter l'appartement de Munich, en route vers un dernier trajet de U- et de S-Bahn en direction de l'aréroport. |
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J'ai voulu voir maman le plus longtemps possible, jusqu'à temps que ses cheveux blancs disparaissent dans la file de la sécurité. |
Je suis descendue à notre arrêt de S-Bahn, pas de maman à qui dire de me suivre. J'ai fermé la porte de l'appartement. Pas de maman qui enlève ses chaussure. J'ai cuisiné dans un silence total, pas de maman qui coupe des légumes avec sa bière bavaroise achetée au REWE du coin. Pour la deuxième fois de mon voyage, je me suis sentie perdue. La première fois étant à Düsseldorf en février. Je n'avais plus de plans et j'avais besoin de réponses. Même chose cette fois. Qu'est-ce que je fais ici ? Où est-ce que je m'en vais ? Qu'est-ce que j'ai envie de faire ? J'avais rien envie de faire. La boule de stress qui fait mal en dedans parce que quelque chose n'est pas à sa place, elle était bien présente. Par contre, je savais bien que ça ne remettait pas en question ma vie ici. Mais la présence d'une maman, ça rassure, mais si on pense qu'on n'a pas besoin d'être rassurée. Maman est venue toute seule, elle est vraiment bonne ! C'était d'ailleurs la première personne à me rendre visite et je pense qu'elle peut me donner un gros 5 étoiles pour mon rôle de guide touristique et gestionnaire de la DB.
Mes sentiments mélangés étaient aussi amplifiés par le fait que je ne savais pas où aller dans deux jours. Il faut que je retrouve mes forces et que je me gère sinon le sans-abrisme m'attend. J'ai appelé Maïté en pleurant le départ de maman. Je sais qu'elle me comprend, car elle a vécu aussi la visite de sa maman quand elle était au Québec il y a plusieurs années. Je me sentais mentalement absente, poche, perdue, quand j'ai réalisé que je n'allais revoir ma petite maman probablement que dans plus d'un an. En plus, ça me faisait de quoi que maman soit dans la même ville que moi, à l'aéroport de Munich, pas très loin à seulement quelques kilomètres, et je n'étais même pas avec elle. Et elle allait bientôt s'envoler pour retourner 5000 km plus loin. J'ai parlé avec Maïté une bonne partie de la soirée, et je me suis permis de rien faire ce soir là, et le jour d'après, et l'autre jour.
Aussi, j'aurais bien aimé revoir Andrei pour me changer un peu les idées, mais les circonstances ne nous auront pas réunis pour une troisième fois. Verdammt. Je me dis que quand t'as envie de voir quelqu'un, tu fais quand même quelques efforts. Too bad. J'ai donc passé assez vite à ma prochaine rencontre, Géllert, je n'avais jamais entendu ce prénom mais j'ai pas trouvé ça joli joli, surtout que je savais pas comment le prononcer. Je feelais pas tant ce soir là, j'avais un restant de ma boule de stress au ventre, donc je n'avais pas envie d'être seule. Il m'a proposé de venir me chercher en scooter, à mon appartement. J'ai tout de suite senti que le courant n'a pas passé, dès qu'on s'est rencontré. Lui aussi probablement. Il me semblait être un gars qui était aussi très au fait que deux personnes peuvent ne pas être sur la même vibe, sans nécessairement que ce soit la faute de l'un ou l'autre. C'est légitime et correct. Un immature aurait tourné les talons, ce que je n'ai pas fait et lui non plus. Parce qu'on ne sait jamais si le moment lui, vaudra bien la peine.
Et comme de fait, quelques minutes plus tard, je me faisais conduire dans les rues de Munich par un beau grand autrichien de 41 ans, aux cheveux long, aux yeux bleus, avec des fossettes avec une authenticité plaisante. Je ne suis pas souvent en plein milieu de la route. Je suis toujours à pied ou dans le train. Rares sont les fois où je peux admirer les quartiers à la vitesse-voiture. J'avais un bon vent frais qui traversait mes vêtements, me rafraichissait le visage et me remplissait les poumons. On a partagé des bières de kiosk en face de Lady Bavaria, la personnification féminine de la Bavière elle-même, qui règne sur la Theresienwiese, un grand emplacement vide où se tient habituellement le célèbre Oktoberfest. On ne s'est jamais réécrit, même pas pour se dire merci. Donc voilà, merci Géllert pour le tour de scooter, j'ai trouvé ton dos bien confortable !
Jour après jour, je faisais toujours un peu plus de recherches pour mettre le doigt sur ce que j'avais envie de faire dans les prochains jours. Et voilà, la veille de mon départ, mon choix s'est arrêté un peu hasardement sur la ville de Innsbruck en Autriche. J'ai trouvé une auberge de jeunesse un peu à l'écart de la ville, Marmota Hostel. J'ai booké en ligne directement sur le site en quelques minutes seulement et voilà, enfin, j'avais un toit et un déjeuner compris pour les 7 prochains jours. L'arrivée est autonome, comme j'aime. Cet endroit a vraiment l'air conçu pour une cliente comme moi. Time to celebrate ! Je reçois donc un certain Danni à l'appart, dont la pickup line était très directe : Hey it's your last evening in Munich ? Want me to give you a proper goodbye ? Ok warum nicht, cute austrian boy ! Amène-toi dans ma banlieue.
Ben oui, un autre autrichien. Je me demande s'il va rester des gars en Autriche parce qu'ils ont tous l'air d'être à Munich clairement. Danni n'a pas patienté ben ben longtemps avant de me me pitcher sur le beau sectionnel de mon grand salon pour me montrer ce qu'est un proper goodbye. Bien. Comme tous mes amis à qui je raconte mes dates peuvent en témoigner, je stick sur des détails parfois, et là, je me souviendrai de Danni parce que je trouvais que son french goûtait trop le savon. Misère. Comme je quittais Munich demain vers l'Autriche et que je n'avais pas de frigo dans mon auberge, j'ai demandé à Danni s'il voulait avoir mes restants de frigo. Je ne pensais jamais remercier une date avec un demi fromage et un pot de mayo entâmé. J'me suis trouvée drôle.
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Et c'est reparti, aujourd'hui je me rends à Innsbruck, en Autriche, avec mon habituel kit de voyage. |
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Tschüss München ! |
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