In Paris flanieren
Je suis à Paris sans avoir envie d'y être. First world problem, je l'accorde. Je dois déposer à la Gare du Nord les kilos de bagages qui me brisent le dos. J'ai une grosse valise roulante que j'ai acheté sur les Kleinanzeigen, mon sac à dos de 70 L, mon sac de 30 L et mon sac de 20 L. C'est plein à craquer, il n'y a même pas de place pour une bobette supplémentaire. Ce soir, je dors dans un dortoir que pour une nuit. C'est une petite auberge de jeunesse sur la rue Mouffetard, je connais les environs, c'est beau ici. Au rez-de-chaussée, il y a une petite salle commune avec quelques tables et chaises et une grande fenêtre. Mes émotions et moi, on se pose à cet endroit pour un moment. Buğra m'avait remis un petit paquet soigneusement emballé, pas trop lourd et pas trop gros, et que je ne pouvais pas ouvrir en sa présence. Cette belle attention très significative me fait pleurer, alors que j'écoute une chanson de Louane qu'il m'avait aussi suggérée pour la route. J'ai découvert un message dissimulé à l'endos. Un mot très bien, une genre de belle fin, un remerciement. Ce qu'il en a dedans, ce gars là ! Je m'en vais visiter le Jardin des Plantes. Je l'ai déjà vu, mais j'avais envie d'un moment simple.


Ce soir, je vais souper avec Fred, mon ami du secondaire qui habite Paris. Nous allons manger à la Grande Mosquée. C'est drôle, car sur le menu, tu peux commander à la fois une tajine aux pruneaux et une épilation du maillot. C'est un service offert quand on vient pour accéder au Hammam et tout ça est détaillé sur le même menu. Cependant, pas d'épilation pour moi, j'ai pris que la tajine et c'était délicieux. Entre deux services de thé où le serveur verse agilement le liquide de sa théière jusqu'à nos petits verres à une hauteur impressionnante, on a parlé de nos vies, de nos projets, et un peu de nos collègues du secondaire. Fred a toujours l'air de bien aller, il est chez-lui ici, à Paris.
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Assortiment de desserts. |
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La belle terrasse sous les arbres.
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Mon dernier repas sur le continent. |
Le lendemain, j'ai fait une promenade superficielle sans avoir trop d'intérêt, près du Musée du Louvre, le long de la Seine et à travers le Jardin des Tuileries. J'ai aussi visité le cimetière du Père Lachaise, le plus grand cimetière de Paris dans lequel sont enterrées plusieurs personnes célèbres. C'est le cimetière le plus visité du monde. Malgré son grand intérêt touristique, ce n'est pas une place désagréablement bondée et détruite par la masse. Naturellement, c'est un cimetière, donc la notion de respect est partout. Parmi les personnes célèbres qui y sont inhumées : Jim Morrison, Molière, Oscar Wilde, Édith Piaf, Chopin, Jean de La Fontaine, et bien d'autres. Je suis tombée sur quelques unes d'entre elles lors de ma marche. Ah oui, à la grande satisfaction de ma plante de pieds qui râpait le sol à chacun de mes pas, j'ai fini par jeter mes fidèles petits Adidas gazelle blancs (je dirais qu'ils étaient rendus plutôt gris verdâtre). Je les avais acheté 6 $ à la Friperie de l'Est avant de partir. Je les aurai usé jusqu'à l'os pendant tout mon voyage.
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Les bâtiments massifs de Paris, qui sont bien plus beaux que ceux de l'Allemagne, avec leurs petits patios individuels. |
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Bateau de croisière sur la Seine. C'est bien dans cette eau dégueulasse que se tiendront des épreuves des JO ? |
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Allée colorée le long du Fleuve. |
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Bâtiment typiquement parisien surplombant le jardin des Tuileries. |
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Le genre de mini Arc de Triomphe qui se trouve près de la pyramide du Louvres. |
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Une petite chapelle à l'intérieur du cimetière. |
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La tombe de Molière. |
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La tombe de Jean de La Fontaine, qui a marqué tous les enfants par ses fables connues. |
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Série de petites sépultures. |
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Le crématorium. |
Je fais un autre bout de chemin vers le Québec. Je récupère mes bagages à la Gare du Nord et je prends le train vers l'aéroport. Oui, mon vol n'est que demain, mais je dors ici. C'était ça le plan initial, pas celui de perdre mon temps à Paris sans en avoir envie. Ce séjour parisien ne m'a servi à rien. Alors que je suis dans ma chambre, je commence à entendre des bruits d'explosion. Ah bon. J'ignore pour le moment, mais je trippe pas. Puis d'autres. Et par la fenêtre, je vois une envolée d'étincelles, des gens qui courent, s'éloignent et filment un angle que je n'arrive pas à voir. Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que Charles-de-Gaulle est victime d'une attaque ? J'appelle à la réception, je n'ai pas de réponse. Je capote un peu. Ça sent le cramé dans ma belle chambre qui sentait les p'tits produits d'hôtels frais quelques minutes auparavant. C'est ma dernière journée, j'ai pas envie d'être dans un attentat. J'appelle Maïté, elle fait des recherches sur les actualités, ne trouve rien. J'ai finalement appelé le 112 (équivalent du 911) pour me faire dire que c'est un bus qui a explosé en face de la réception de mon hôtel. On me dit de rester dans ma chambre et de pas paniquer. Oui, j'veux bien, mais moi et mon imagination, on pense que c'est un maudit mauvais présage à propos de mon vol de demain qui va mal aller... Et c'est ainsi que je m'endors dans l'odeur de brulé. Demain, je dors au Québec.
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Vue laide de ma chambre d'hôtel avant l'explosion. Mais le ciel était beau. |
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