Get your guide

J'ai eu le temps de manger mon Müsli ce matin avec Veljko avant de me rendre à mon tour guidé. Je lui ai mentionné que je cherchais une façon de me rendre à tout prix à Međugorje, j'y tiens vraiment beaucoup. Je ne trouve aucune façon de me rendre et l'information en ligne est différente sur tous les sites. J'y reviendrai. Le rendez-vous ce matin est à 8h15 en face de la Bosna Bank. Je remarque d'abord un gars assis sur un muret qui a l'air d'attendre la même chose que moi. Je l'aborde en anglais. Je remarque assez vite qu'il a un accent... français ! C'est Kevin, avec qui j'ai immédiatement connecté en raison de notre langue commune. Quelques minutes après, le guide vient nous chercher avec sa minivan blanche. Esmer, un beau grand châtain tout de beige vêtu, avec dans sa belle voix un charmant accent slave, un accent qui, je trouve, ressemble un peu au turque.

La Fortica

Dans la minivan se trouvent aussi Thaïs, une autre française du sud de la France, une madame des États-Unis, un jeune gars avec les cheveux longs ultra gêné qui n'a jamais dit un mot, une fille de la Biélorussie avec des ongles de 3 pouces de long et un arabe qui la cruise et qui doit trouver que c'est beau ses ongles (#mystère). Notre premier arrêt, la colline de la Fortica, où se trouvent un refuge de montagne, un petit café et une passerelle avec une vue panoramique sur toute la ville. En chemin sur la route sinueuse en pente raide où il ne ménage pas sa vitesse, notre guide nous parle un peu d'histoire, de géographie, de l'itinéraire prévu aujourd'hui. On est sortis du van en plein vent et je n'avais jusque là aucune idée de l'environnement dans lequel se trouvait la ville de Mostar. C'est entouré de belles collines toutes vertes et beaucoup de relief ! Pendant qu'on prend le thé au chaud et qu'on fait connaissance, il nous partage des bribes de son passé, de sa réalité d'enfant dans la guerre. Ça n'a vraiment aucun sens que je sois dans ce pays, live là, et que je rencontre des gens de mon âge qui ont vécu ça dans leur vie. 

Le drapeau qui se dresse au sommet de la Fortica.

La ville de Mostar, entourée de ce beau relief.

Blagaj

Après quelques minutes de minivan, on arrive à Blagaj, un petit village à quelques kilomètres d'ici. La rivière Buna prend sa source directement ici, depuis une grotte dans une impressionnante falaise. Tout à côté de cette eau très claire et froide se trouve le Dervish Monastery. Je n'ai pas trop compris ce que veut dire derviche, mais je crois que ça désigne un pratiquant du soufisme, qui est comme un ordre, une branche, de l'Islam. Au lendemain de notre visite, il se tiendra un événement populaire attendu qui rassemblera des milliers de gens, les curieux comme les fidèles. Je ne sais pas où vont se tenir les gens lors de cette célébration, car c'est pas très grand et c'est un cul de sac assez sec une fois que t'es rendu à la falaise. Ça aurait toutefois été beau à voir, car les derviches font des danses spirituelles en tournant avec de longues tenues blanches et de grands chapeaux hauts, comme pour symboliser l'ascension spirituelle vers Dieu. Le monastère a été construit au 16e siècle, l'ambiance ici est très paisible, propice à la méditation. C'est aussi le lieu où la fille de la Biélorussie a décidé qu'il serait pertinent d'installer son trépied en plein dans le chemin pour faire des vidéos TikTok où elle tournoie sur elle-même en souriant à sa caméra et en se jouant dans les cheveux. Une prise qu'elle a refait au moins trois ou quatre fois avant de ranger son attirail malaisant d'influenceuse. 

Les chutes de la rivière Buna.

Le monastère construit au 16e siècle, dans l'ombre de sa falaise imposante.

Photo prise par Kevin, un humain qui me l'a gentiment proposé, et non un trépied.

L'eau très claire de la rivière Buna.

Počitelj

Très belle et courte visite, Blagaj. Maintenant, on s'en va à Počitelj, un petit village de 900 habitants dont l'ensemble urbanistique et historique est inscrit sur la liste des monuments nationaux du pays. J'ai visité à cet endroit ma toute première mosquée, celle de Šišman Ibrahim Pacha. Pour pouvoir y entrer, il faut retirer ses chaussures et les laisser dehors, puis couvrir nos cheveux. Il y avait un petit rak à foulards où j'ai choisi le mien et je l'ai placé du mieux que je pouvais sur ma tête pour entrer dans ce lieu en tout respect. La mosquée était toute en pierres disposées en mosaïque. Il devait faire au dessus de 30 degrés dehors, mais l'intérieur était frais et même humide. J'ai trouvé le tapis confortable et épais, sous mes pieds déchaussés. J'ai bien aimé ma première expérience de mosquée, qui m'a stressée un peu quand même, car je voulais être certaine de bien faire. 

Ensuite, Thaïs, Kevin et moi avons fait quelques pas dans un sentier en plein soleil avant de trouver la forteresse de Počitelj, construite en 1444. On a monté en haut de la tour dans un escalier des plus rudimentaires et aux marches accidentées. Dans chaque fenêtre de la tour, on avait une vue sur un élément du village : le fleuve Neretva et son eau claire, la mosquée et son minaret, les toits de l'ancien hammam, la tour de l'horloge. 

En chemin vers le point de rendez-vous de retour, nous sommes arrêtés tous les trois dans un petit kiosque d'épices, de jus maison et de confitures de fruits. Je n'ai pas l'impression que le MAPAQ est passé par là parce que le monsieur nous a vendus des jus de pommes-grenades, direct dans sa glacière, avec des bouchons clairement pas scellés. On aurait dit d'anciennes bouteilles de Coca-Cola recyclées en faite. Mais ce jus était vraiment bon et bien froid sous cette chaleur. On rejoint le reste du groupe après avoir mangé de petits pains garnis et des chaussons dans une place isolée sur le bord de la route sans aucun achalandage autre qu'une voiture qui passe de temps en temps. 

Les ruelles vides de Počitelj.

L'intérieur de ma première mosquée.

Look mosquée.

Cet arbre devant la mosquée était vraiment beau. On peut voir à côté le choix des foulards pour pouvoir la visiter.

La vue de la ville et du fleuve depuis la tour de la forteresse. On distingue la tour de l'horloge et les toits du hammam.

L'intérieur de la tour.

La mosquée Šišman Ibrahim Pacha.

J'adore les toits ronds et les minarets qui se dressent dans tous les décors de Bosnie-Herzégovine.

Petit kiosque 

Épices homemade.

On peut voir sur cette photo le petit jus que j'ai pris et qui était très bon.

Les chutes de Kravica

Le prochain arrêt est celui qu'on attendait tous : les chutes de Kravica. Elles forment un arc sur 120 mètres de largeur dans un cadre sauvage qu'il aurait été difficile d'atteindre avec les transports en commun. Les chutes de Kravica sont l'une des principales raison pour lesquelles j'avais réservé ce tour, d'ailleurs. Ce sont les plus belles cascades du pays et l'eau coule en trombe sur de la roche calcaire avant de se jeter dans la rivière Trebižat. Nous avions environ deux heures dans ce lieu. Comme nous étions accompagnés d'un guide local, nous avons eu droit au coupe file, un avantage de taille alors que le site était bondé et que les gens patientaient à la queue-leu-leu pour payer leur droit d'entrée. 

Même en ce début du mois de mai, alors que la fraicheur de l'eau rend la baignade encore difficile, il y avait vraiment beaucoup de monde. Cependant, très peu tentaient leur coup à aller sous l'eau, ce qu'on a fait Thaïs et moi. Je me suis jetée d'un coup dans cette eau beaucoup trop froide à mon goût et j'ai perdu le souffle. Je n'étais pas capable de parler tellement le froid impactait ma respiration. J'ai aussi réalisé à ce moment que je peux oublier ça, faire la nage du p'tit chien sans ligaments croisés. J'avais l'impression que mon genou ne tenait qu'avec un fil élastique un peu lousse. Eurk, sensation pas cool. Je suis retournée sur la rive, mais très contente de pouvoir dire que j'ai osé me baigner dans cet oasis au milieu de la forêt.

Un vrai paradis dans une verdure infinie.

Petites plages de sable doux en plein milieu de la forêt.

L'eau turquoise.

C'est là que je me suis baignée.

Le canal de Buna

J'aurais pris plus de temps ici, mais nous avons un horaire serré. On reprend nos places dans la van. On a un peu plus de route à faire cette fois, parce qu'on revient tranquillement à Mostar. Dans lav oiture, on écoute des chansons bosniaques. Le guide est tellement généreux. Son dévouement à nous faire découvrir sa culture va même jusqu'à des suggestions musicales d'ici. J'ai renfloué ma playlist de nouveautés à ce moment. Notre dernier stop, c'est le canal de Buna. C'est là où la rivière Buna se jette dans la Neretva. La particularité, c'est qu'elles ne se rejoignent par nécessairement sous forme d'intersection, mais l'une d'elle coule juste à côté de l'autre et s'y jette petit à petit sous forme de chutes. Le fleuve Neretva continue ensuite de faire son chemin vers la mer Adriatique, c'est d'ailleurs le principal fleuve du paysage de la Dalmatie (la côte adriatique partagée entre la Croatie, le Montenegro et l'Herzégovine). 



À quelques mètres de là, nous sommes arrêtés sur une table à pique-nique pour clore notre journée. Esmer nous a expliquer l'art de déguster un vrai café à la bosniaque. Le café ici, c'est sacré, ça ne se prend pas to go, c'est lent. Ou bien c'est partagé, ou bien c'est pris à la ćejf. Ce mot, qui n'a pas vraiment de traduction, signifie un plaisir, un rituel, le fait de savourer quelque chose à sa façon, dans son lieu ou son moment préféré. Chaque personne a son ćejf.

Le fleuve Neretva, et la rivière Buna qui se jette dedans par les chutes.

C'était la première fois que je réservais un tour guidé et je n'avais aucune idée que ça se passait comme ça. Je me suis toujours un peu tenu à l'écart de ça, car j'ai peur de me faire scammer et de payer bien trop cher pour faire ce que je serais capable de faire seule. Or, dans ce pays, sans voiture, je ne peux pas aller bien loi et ça m'aurait demandé des heures de déplacement, sans même être certaine de pouvoir me rendre aux endroits souhaités. J'aurais également passé à côté de beaucoup d'astuces locales et de réponses à mes questions. Un guide local = une source sûre pour documenter mon blog avec les bonnes informations. La prochaine fois, je tenterai de réserver mon activité sans l'intermédiaire de Get Your Guide, car ils prennent une cote ahurissante sur le montant qui sera réellement remis à l'organisateur. 45 €, c'était vraiment pas cher, ça valait bien plus que ça, et j'ai pris soin de le remettre en pourboire à Esmer, pour la qualité de son partage, pour l'amour de son pays qu'il nous a si bien transmis.

Avant d'arriver à l'auberge, j'arrête prendre un ćevapi dans un restaurant recommandé par Esmer. Veljko m'a laissé un petit mot sur ma porte de chambre avec les horaires de bus pour Međugorje. Il est allé s'informer au bureau de Globtour, c'est tellement gentil. Je prends ma bière locale avec lui ce soir. C'est rendu une habitude de se rencontrer matin et soir pour se parler de nos journées. Une belle rencontre, ce monsieur.

Ce soir, je mange un ćevapi. En arrivant, l'hôte de l'auberge m'avait écrit un petit mot pour me dire qu'il y avait de la bière locale au frigo. Je suis tellement bien ici.

Commentaires

  1. Beau récit d'une journée riche en découvertes captivantes et merci pour ces superbes photos. Jean-Pierre, Rimouski

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